Manager : « Faire du management, organiser, gérer quelque chose, diriger une affaire, un service, etc. » (Larousse). Un terme drapé d’une représentation de simplicité qui se heurte souvent à un principe de réalité cru : il n’est pas si simple de piloter des individus. Attendre d’un autre qu’il réalise un travail précis ou obtenir de lui un résultat appelle beaucoup de subtilité et de méthode. Le produit miracle et mécanique de l’obéissance inconditionnée est un vœu pieux du 19ème siècle.
Dans les faits, les difficultés du manager ne s’arrêtent pas là car vient s’ajouter au besoin d’exécution du travail, et tintant parfois en opposition : la santé des salariés. Qu’elle soit physique, émotionnelle ou psychique, un manager ne peut exiger d’un collaborateur une production sans en tenir compte.
Comprendre et composer avec l’expression individuelle de liberté d’un salarié pour réaliser une tâche, est au moins aussi complexe que comprendre et composer avec sa santé au travail. Et pourtant, les managers doivent articuler le travail à réaliser avec l’état émotionnel individuel et les tensions de leurs équipes. L’exercice au quotidien est sensible car on touche à ce que la personne peut exprimer de plus personnel, parfois des éléments de souffrance délicat.
Pour ne rien arranger à l’exercice, la crise sanitaire amenuise les moyens de régulation individuel. Elle ajoute un poids sur une ligne d’équilibre parfois déjà mince et fragilisée.
Quelle recette ? Pas de bonne toute prête en tout cas. Sauf à appeler de nos vœux pieux — pour cette fois au 21e siècle — à une posture managériale robuste et soutenante. Qu’un Dirigeant de l’entreprise occupe le phare et ne perde pas le cap. La métaphore n’est pas anodine, et peut-être qu’entrevoir une lumière vers laquelle se guider dans cette période trouble aiderait les personnes à tenir bon.
Quelques ingrédients néanmoins : engager un travail collaboratif sur les possibilités de faire autrement, accorder le temps nécessaire à l’écoute, ouvrir des espaces d’échange sur les situations de travail vécues, ne pas empêcher la verbalisation des difficultés – des angoisses – des doutes et des peurs. Dans un sens comme dans l’autre.
Une fois encore, prendre soin de l’autre tout en prenant soin de soi.
Article rédigé par Emmanuel Alba